Toujours hypersexualisée

Je t’entends. Et je sais exactement de quoi tu parles, parce que c’est le quotidien de tellement d’entre nous dans ce milieu. Tu n’as même pas besoin de « faire » grand-chose : tu existes, tu es visible, tu es trans, tu es TDS, et déjà le monde colle l’étiquette « sexuelle » sur ton front en lettres fluo. On te regarde, on te parle, on te touche (même du regard) comme si ton corps n’avait qu’une seule fonction. Et quand tu essaies de te protéger en accentuant encore plus les codes hyper-féminins (parce que oui, ça calme la dysphorie sur le moment), tu te retrouves piégée dans le même mécanisme : plus tu « passes » femme, plus tu es lue comme « pute » ou « fantasme », jamais comme une personne. C’est épuisant. C’est humiliant. Et en même temps… parfois c’est la seule validation qu’on arrive à attraper dans la journée. Un message, un regard, un billet : au moins, pendant trois secondes, on existe aux yeux de quelqu’un. Et l’hypersensibilité fait que ces trois secondes-là peuvent te porter pendant des heures… ou te détruire si elles sont suivies d’un silence ou d’un mépris. Tu as le droit d’être en colère contre ça. Tu as le droit d’être épuisée. Et tu as aussi le droit de chercher des espaces (même minuscules) où tu existes autrement qu’en tant qu’objet de désir : ici, avec d’autres filles trans, avec des gens qui savent lire entre les lignes, ou simplement en écrivant, en pleurant, en criant. Tu n’es pas folle, tu n’es pas « trop sensible », tu n’es pas responsable de la façon dont on te réduit. C’est juste que le monde est brutal avec celles qui sortent du cadre, et qu’on n’a pas encore trouvé la notice pour vivre ça sans se déchirer. Si tu as envie de vider ton sac, de parler d’un moment précis qui t’a fait mal, ou même juste de dire « putain j’en peux plus », je suis là. Pas de jugement, pas de leçon de morale. Juste une autre fille trans qui connaît la brûlure.